Chère inconnue,
J’ai longtemps hésité a
vous écrire cette lettre, ou plutôt a vous l’envoyer, car dés que je
vous ai aperçu au bas de votre maison, je n’ai pu contenir ces mots,
les avoir libéré m’a soulager mais c’est en les présentant devant vos
yeux que je serait définitivement serein.
Ne voyez pas en ma
démarche, quelque pensée malsaine ou opportune, il ne s’agit ici que de
vous faire part d’un sentiment qui me chavire depuis déjà un mois, et
je vous prie de lire ces mots en vous assurant de la sincérité de mes
sentiments a votre égard.
Je doit vous avouez avant toute chose que
je n’ai plus l’usage de mes jambes, un horrible accident de voiture a
la fin de la guerre nous faucha moi et mon grand frère alors que nous
revenions de Guegnon
Je passe donc mes journées dans un fauteuil
roulant, et c’est ma mère qui s’occupe de moi, je reçois une pension de
l’état chaque trimestre ce qui me permet de m’abonner a mon magazine de
philatélie préféré, je me suis également offert un télescope avec
quelques une de mes économie le mois passé.
Notre maison est prés de
la mer que je peux voir par ma fenêtre, j’aime admirer l’océan, il me
donne l’espoir et renouvelle mes rêves, souvent le dimanche matin on
apperçois les paquebots au loin crachant leur fumée épaisse, ma mère me
dit qu’ils reviennent des Amériques, cela doit être beau les Ameriques,
j’ai quelques disque de Jazz a la maison, j’aimerais al bien y aller
avec la femme que j’aimerais.
Le reste de mes membres
fonctionnent encore tres bien et sont même tres vigoureux, et mon cœur
lui est en parfait état et ne demande qu’à aimer... C’est donc ma
pauvre mère qui s’occupe de moi, mais malgré tout cela je la hais,
chaque matin elle me lave et me parfume, j’ai l’impression qu’elle
n’attend que l’heure de ma mort, je la hais oui, car de ce corps
flétrie et craquant elle ne se sert que pour admirer la photo de mon
père sous la lourde horloge…et ces jambes a elle pourquoi ne volent
elles pas en éclat, j’aimerais avoir ces vieilles jambes au moins juste
pour courir sur la plage, pour escalader les rochers et pouvoir faire
signe au bateau qui passe. L’autre jour elle me parlais d’incinération,
et même de vouer son corps a la science, je la sentais cette sorcière
elle voulais m’arracher mon testament de la bouche…Quoi ! que l’on me
brûle ou que l’on se serve de moi comme rat de laboratoire, qu’importe
sans amour, on ne s’aime plus, et alors même votre corps vous dégoûte
et ce qu’il adviendra de cet amoncellement d’os après ma mort m’importe
peu...
Mais cela est passé désormais, depuis ce lundi où je vous ai
vu, vous avez fait renaître un espoir, un espoir que milles océans
n’aurait pu m’offrir, ni même la vu des couchers de soleil, je nous
imagine dans notre maison, j’ai écrit une centaine de poème que
personne n’a encore lu, et a vous, chère inconnu, je vous les
déclamerais.
Je ne voudrais pas vous effrayer et si vous ne voulais
pas d’un infirme comme compagnon je le comprendrais, je me suis habitué
à conveser avec mes regrets.
Répondez moi s’il vous plait, mais pas
par pitié, ou par charité pour mon sort, où bien alors si par pitié
pour un cœur qui se meurt depuis trop longtemps.
Je crains que l’océan n’ai plus rien à me promettre et le vent éparpillera mes cendres.
P.s
: N’envoyez pas de photo, votre visage est gravé dans l’horizon, mais
parfumez juste votre lettre de votre parfum, je veux savoir quelle
odeur a votre si jolie peau.
Sincèrement votre.
Texte inspiré du film "Chére inconnue" avec Jean Rochefort et Simone Signoret