J'ai défié New-York
Un jour alors que j'étais
assis, sur des pierres plates
Jonchant une plage qui n'existe pas,
ou qui n'existe plus
Tellement le poète n'est bon qu'à
se gaver de superflu
J'avais parcouru cette plage nue tel un
traîne-savates
J'avais invité New-york dans les
espaces blancs et supérieurs
J'avais mis ce "blue
jean" et j'avais acheté des chewing-gum
J'avais pensé
que New-york viendrait en bateau de son ailleurs
C'est en voyant
cela que le môme que je fus est devenu homme
Sur les
plages de Bretagne jamais mon front ne fut autant illuminé
Tant
mes rêves dans ma tête nourrissaient l'espoir de voir
L'Amérique
Charlton Heston au bord d'un Drakar où
les oriflammes sont honorifiques
Jamais ne réussit celui
qui dans ces illusions construit des rêves abîmés
J'ai
couru jusqu'à éclater ma poitrine sur cette plage
inconnue
Les bretons peuvent bien écrire des pages sur
l'histoire de ma peine
J'ai rêvé, j'ai defié
New-york d'assécher mes océans perdus
J'ai vaincu
Ben-Hur et sur son Drakar je trône en capitaine
Assis
sur cette plage, où je m'endors sur des pierres trop plates
Le
poètes dessinent leurs rêves d'enfant sur le manteau
humide
Il imagine les expéditions des hommes sur l'horizon
qui se gâte
Il est enfant dans un décor d'adulte et
aime déchoir dans le vide
Chaarar,