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Translations poétiques
18 octobre 2007

La dernière lettre

Tes mots bleus dans mes yeux vert gris
Je sais maintenant que tu es mort
Entre la France et l’Algérie.
En terre du Cid repose ton corps,
Quelque part en Andalousie.

Tu as écrit " Al raissalatou al akhira" mon père
La dernière lettre que je reçois
C'est en Andalousie que l'on se perd
La mort danse au loin ...je l'aperçois
C'est aux sons de al harache que je me perds.


Tu nous as fuis, je me rappelle,
Un soir, pour une femme à la peau
Brune, une sale arabe, même pas belle
Comme un coup d’couteau dans l’dos :
Elle devait fouiller les poubelles !


Tu as fait ton choix, parti en France
Là bas les gens ont les joues rosies par le vin
Ce pays où tu as connu tant de souffrance
Ces culs-terreux t'auraient precipité sous un train
J'en étais persuadé mon père ton choix était vainc


J’apprends que par ton sang rendu
Impur, est né de cette union
Décadente, un malentendu,
Un rejeton... un « frère » ? Jamais ! Non !
Plutôt crever, être pendu !


Comment pense tu que j’vais accepter cela ?
Ta mort, mon frère... et mes regrets !
Ton départ, ta chair qui se promène ici et la...
Pourquoi te donner la mort en secret,
Et me forcer a aimer ce renégat ?


J’atterris en terre d’Utopie,
Entre la France et tes moulins :
La voilà ton Andalousie !
C’est vrai que t’avais l’esprit fin,
C’était franchement très bien choisi…


Ma peau est en symbiose dans ce paysage,
Mon coeur rêvait tant de l'Andalousie !
Le son de la mandoline sur lequel dansent mes images...
Tu t’es voué à l'enfer dans ce paradis !
Le visage troué où tes souvenirs font naufrage.


Me voilà devant ton cercueil
Je sui venu voir ta dépouille
M’assurer de ta mort, l’orgueil…
Je veux voir ta charogne ; Fripouille,
Seule maman pleure ton deuil !


En Andalousie, ton corps sans vie
Un suicide pour échapper aux reproches
Au doute, pour te donner un sursis
L'odeur de l'encens dans le couloir... tu es si proche
Je ne t'en voudrais jamais ya abbi !

Ah ! Voilà tes poseurs de bombes
Ca complote sous les djellabas !
Et la mamma qui chiale en trombes
S’ils te manquent au « royaume d’Allah »
Qu’ils aillent te rejoindre dans la tombe !


On est arrivé, Pose ton chapelet maman
Là-bas le « p’ tit français » nous insultait du regard
J'espère qu’il sera pudique en ce moment
Son teint blafard me fait penser aux enfants du Hoggar
Notre père est mort ne te comporte pas en ignorant


Nos mères viennent de se regarder ;
- Dans les yeux un amour d’apôtre !
Et dans un élan spontané,
Jetées dans les bras l’une de l’autre
Elles ont pleuré leur mal-aimé !


Nos mères se sont entrelacées :
Ce geste d'amour incontrôlable…
Désormais, nul n'est menacé :
De la fraternité elles dressent la table
Nos rancoeurs doivent être dépassées.


Comme tous les morts ont la peau pâle !
Comme il est triste ton dernier rôle !
Et l’autre aussi à l’air bien pâle
Sa main se pose sur mon épaule
Quel putain de blues ! Colossale !


Devant mon père, mon frère n'est pas français
Il n'est ni de France ni d'Alger ni d'ailleurs
C'est le sang sous sa peau qui me l'a prouvé
La douleur anéanti les accents et les couleurs
Alors mon frère comment notre père t'a nommé ?


Salam, je m’appelle Adrien !
Bonjour, moi Abdelkader
Je le savais, c’est toi mon frère !
Oui, tu me ressembles l’air de rien !
Tu sais comme j'ai haïs les tiens
Moi pareil, j’étais pas bien !

Il est le frère qui m’a manqué
C’est ton reflet dans mon miroir
Ensemble nous allons habiter
On draguera les filles les soirs
Et je vais enfin exister.


En ce jour de deuil, tu seras fier de moi
J'ai perdu ma haine et gagné un frère
Sur ton visage je rabats le drap
Sur ma vie, comme une chape de fer
Je ne haïrais plus grâce à toi.


LE RACISME C'EST COMME LE SIDA,
IL NE
 PASSERA PAS PAR MOI !!!


Lexique :
Al harache : Dahmane al Harachi un chanteur poete algerien des années 60, avec une tres belle voix.
Al rissalatou al akhira : de l'arabe, "la derniere lettre" ou " dernier message".
Ya abbi : de l'arabe " Oh mon pere"
Hoggar : région d'Algérie.

Smileynoir et Chaarar

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Commentaires
K
Un poème de paix. Retrouvée. Un poème qui apaise. <br /> Il donne espoir à un peu de sérénité.<br /> Merci. Une histoire à raconter...
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